Larzac !

Suite à l’abandon du projet d’extension du camp militaire du Larzac, l’État accorde, en 1984, 6 000 ha par bail emphytéotique à une société créée afin de gérer collectivement les terres. La Société civile des terres du Larzac a toutes les prérogatives d’un propriétaire, sauf celle de vendre la terre. Ses membres bénéficient de baux de carrière, pour les paysan·nes, ou de prêts à usage. Tout est fait pour que la terre ou le bâti ne puissent être l’objet de spéculation et gardent une valeur d’usage, tout en garantissant à chacun·e l’usage de sa ferme jusqu’à la retraite ou la reconnaissance de son travail. Ce « laboratoire foncier », selon les mots de Bernard Lambert, a permis de voir le nombre de ses paysan·nes s’accroître au Larzac alors qu’il baissait dramatiquement dans le reste du pays.

C’est cette philosophie du bien commun que partagent les sociétaires auxquels le comédien Philippe Durand a tendu son micro. Une trentaine de voix anonymes, dont la parole brute est retranscrite en courts paragraphes, comme autant de pépites, qui témoignent de la vie au quotidien, des splendeurs et misères du collectif ou bien des valeurs et des notions qui guident l’existence de la SCTL. Les éditions Libertalia, familières des utopies pirates, publient cet automne le texte d’une pièce de théâtre où Philippe Durand est seul en scène. De nombreuses dates sont déjà prévues jusqu’au printemps 2025 dans toute la France. Contact : ophildur(a)yahoo.fr.

Philippe Durand, Larzac !, Libertalia, 2024, 138 pages, 10 €

Extrait :

« nous on a not’façon d’faire à proposer

et c’que j’sais c’est que

45 % des paysans d’France vont prendre leur retraite dans les cinq à dix ans qui viennent

je crois qu’ça représente sept millions d’hectares

et que là

j’trouve que personne en parle

ça devrait être un problème national »